Dans le cadre de cette édition de nos Conversations avec les leaders environnementaux, le président de Rolland, Philip Rundle, s’intéresse au Mouvement Desjardins, la plus importante coopérative financière en Amérique du Nord et la cinquième au monde avec un actif de 377 milliards de dollars canadiens. Rolland est un fournisseur de longue date de la coopérative, qui mise sur le papier recyclé depuis plus de 15 ans.
Gildas Poissonnier, directeur principal, Développement durable et Finance responsable au Mouvement Desjardins, nous parle de l’équilibre entre approvisionnement responsable et saine gestion financière, du nouveau programme de diversité des fournisseurs, du financement de laboratoires d’économie circulaire et des nouvelles cibles de la coopérative pour être carbone net zéro d’ici 2040.
Le Mouvement Desjardins sert 7,5 millions de membres et de clients, particuliers comme entreprises, au Canada
- Avec l’appui de quelque 48 000 employés et 2 500 administrateurs, il offre des services bancaires, de gestion de patrimoine, de l’assurance de personnes et de dommages.
- Il assure une importante présence dans les collectivités avec 851 points de service au Québec et en Ontario.
- Il figure parmi les 100 meilleurs employeurs 2020 au niveau mondial par le magazine Forbes.
- En 2020, il a acheté des produits et services d’une valeur de 2,0 milliards de dollars auprès de 2 080 fournisseurs au Québec et ailleurs au Canada.
Pourquoi priorisez-vous l’achat local dans votre stratégie d’approvisionnement annuel ?
Notre mission est de contribuer au mieux-être économique et social et notre leadership socio-économique est une priorité. Nous commençons par réinvestir dans nos collectivités, notamment en soutenant divers projets et organismes communautaires. En 2020, nous avons d’ailleurs retourné 445 millions de dollars aux membres et à la collectivité.
Cette priorité influence également nos décisions d’achat et d’approvisionnement. Lorsque possible, nous privilégions les fournisseurs québécois et canadiens qui répondent à nos critères en matière de coûts, de services, d’agilité et de respect de nos valeurs.
Quelle est l’essence de l’approche de Desjardins à l’approvisionnement responsable ?
Nous évaluons les pratiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) de chacun de nos fournisseurs et aspirons à intégrer les « 5 R » – repenser, réduire, réutiliser, recycler, revaloriser – à toutes nos activités d’approvisionnement.
Comment trouvez-vous l’équilibre entre durabilité et saine gestion financière ?
Dans la majorité des cas, un approvisionnement responsable ne nécessite pas de débourser davantage. Le plus important est de repenser le besoin – notamment en se demandant si l’achat est réellement nécessaire et de se procurer uniquement les quantités requises. Ensuite, nous prenons en considération les pratiques ESG. Nous parvenons ainsi à prendre des décisions d’achat responsables sans sacrifier nos objectifs opérationnels et financiers.
Vos critères d’approvisionnement – coûts, services, agilité, respect des valeurs de Desjardins – ont-ils tous une importance égale ?
Avant de lancer un appel d’offres, nous élaborons une grille d’évaluation où nous définissons l’importance de chaque critère et des facteurs ESG selon le produit ou le service et les fournisseurs disponibles. Ainsi, nous prenons en considération le fait que certaines industries sont plus performantes en matière d’ESG. Évidemment, nous exigeons des normes de performance minimales.
Comment rendez-vous votre chaîne d’approvisionnement plus inclusive ?
Pour s’assurer de donner aux fournisseurs issus de la diversité un accès équitable à notre processus d’acquisition, nous avons travaillé sur les assises d’un programme d’approvisionnement plus inclusif qui sera lancé d’ici la fin de 2021. Les objectifs annuels comprendront le nombre de fournisseurs issus de la diversité et de contrats qui leur sont accordés, et les montants dépensés. La diversité est une force et nous espérons inciter d’autres organisations à aller dans cette direction.
Dans les trois dernières années, vous avez mené près de 750 évaluations de la durabilité auprès de vos fournisseurs. Que tirez-vous de ce travail ?
Nous procédons actuellement à une analyse approfondie, mais nous avons déjà tiré quelques conclusions quant à la performance ESG globale de nos fournisseurs :
- Nous observons une amélioration constante d’année en année.
- Il existe des différences considérables entre les industries. Les secteurs les plus performants sont les télécommunications, le développement logiciel et la technologie, où les grandes sociétés sont prédominantes.
- Les petites et moyennes entreprises ont généralement davantage de travail à faire en matière d’intégration des critères ESG, mais notre intention est de les accompagner en ce sens.
Une fois l’analyse terminée, nous allons créer un plan d’action ESG pour encourager une performance accrue, qui profitera à la fois à nos fournisseurs et à leurs clients.
Qu’advient-il lorsque la performance ESG d’un fournisseur n’est pas à la hauteur de vos attentes ?
Nos évaluations sont générales et prennent en compte nos critères principaux et les facteurs ESG. La cote que nous accordons est donc globale. Puisque la performance ESG varie beaucoup d’un fournisseur à l’autre, elle ne constitue pas une condition sine qua non. Dans certains cas, nous identifions des domaines à améliorer, puis travaillons avec le fournisseur pour l’aider à atteindre les cibles.
Qu’est-ce qui a motivé la contribution de Desjardins à la recherche sur l’économie circulaire ?
La reprise économique post-pandémie représente une excellente occasion de transformer nos pratiques pour transiter vers l’économie circulaire. C’est pourquoi nous investirons 2,1 millions de dollars pour créer un écosystème de laboratoires d’accélération de l’économie circulaire à l’École de technologie supérieure de l’Université du Québec. Ces laboratoires favoriseront la recherche, le développement et le transfert de nouvelles technologies innovantes.
Le fruit de ces recherches servira à nos entreprises membres et clientes ainsi qu’aux collectivités. L’économie circulaire n’est pas un intérêt nouveau pour Desjardins. Nous avons notamment déjà financé une chaire de recherche universitaire internationale sur le cycle de vie.
Parlant d’économie circulaire, est-ce que Desjardins utilise exclusivement du papier recyclé ?
Nous travaillons à systématiser notre approvisionnement pour n’acheter que du papier produit localement entièrement fait de contenu recyclé post-consommation. Nous utilisons exclusivement la gamme Rolland Enviro® Copy pour notre papier de bureau à usage interne. Nos partenaires d’impression sont également tenus d’utiliser du papier recyclé. Quant à nos communications avec nos membres et nos clients, nous utilisons presque exclusivement du papier 100 % recyclé.
Qu’est-ce qui a poussé Desjardins à faire de Rolland son fournisseur de papier privilégié ?
Rolland est la seule papetière au Québec qui produit du papier entièrement fait de contenu recyclé post-consommation, ce qui l’inscrit dans les grands principes de l’économie circulaire. En utilisant ce type de papier, nous réduisons notre empreinte carbone, conformément à notre engagement en matière de développement durable. Nous accordons également beaucoup d’importance aux innovations de l’usine de Rolland, qui est alimentée au biogaz et utilise diverses technologies d’économie de l’eau. Tous ces facteurs ont fait de Rolland notre premier choix.
Quelle importance accordez-vous à l’imprimé ?
À titre d’institution financière, l’imprimé continue de faire partie de notre réalité, notamment pour respecter les préférences de certaines personnes, mais aussi pour répondre aux exigences réglementaires en lien avec le format de certaines communications. Par exemple, l’envoi postal des renouvellements de polices d’assurance auto et habitation se fait toujours sur support papier. Ainsi, l’imprimé figure encore parmi nos moyens de communication avec nos membres et à nos clients, et à ce titre, nous voulons nous assurer de faire appel à un fournisseur comme Rolland qui répond à toutes nos exigences en matière d’approvisionnement responsable.
Croyez-vous que Desjardins est un leader environnemental ?
Oui, parce que le leadership socio-économique de Desjardins s’étend également à l’environnement. Nos membres ont des attentes très élevées en matière de protection de l’environnement. Nous n’avons donc pas le choix de devenir plus verts.
En avril dernier, nous avons annoncé un ambitieux plan d’action pour atteindre un bilan zéro émissions nettes d’ici 2040 sur nos opérations étendues ainsi que sur nos activités de financement et d’investissement dans trois secteurs clés intenses en carbone : l’énergie, le transport et l’immobilier.
Assez rapidement dans les prochaines années, nous allons notamment former 85 % de nos employés aux principes de développement durable d’ici 2023 et travailler de concert avec une centaine de fournisseurs clés afin de réduire progressivement l’empreinte carbone de notre chaîne d’approvisionnement.
Desjardins aspire à être un agent de changement et encourage tout le monde à accélérer le pas dans la lutte contre les changements climatiques.